Une petite escapade dans le parc du Mercantour dans la nuit du 3 au 4 mai 2005.
Ce parc se trouve dans les Alpes, au nord de Nice.
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"On est morts!!!!
La dernière fois on n'avait pû faire que 2/3 du chemin jusqu'au refuge.
A 21h, nuit noire, pas de lune, on en était à se trainer à genoux dans la neige, on s'enfonçait jusqu'à la taille.
Arrivés à un pont, quand on a vu que (selon la carte, parce qu'avec la neige on ne reconnaissait rien) le chemin commençait à monter sur un flanc de falaise avec encore deux fois plus de neige, on a fait demi-tour.
Arrivés à minuit à la voiture, on se tenait par le bras et on avançait comme des p'tits vieux, moi le genou en vrac et lui la cheville, les muscles morts, les chaussures "sploutch", bref dormi une heure et retour sur Nice dans un état!!!
Bon là, la neige a un peu fondu.
Arrivés au pont, donc aux 2/3 du trajet, on se disait "ouah, fastoche, trop facile avec moins de neige, on va arriver au refuge dans 1h-1h30 à tout casser".
On entame le chemin qui monte, qui monte, qui monte ... la neige ... on s'enfonce à nouveau jusqu'à la taille, mais on se dit "pas grave, le début a été tellement facile qu'on a la force de continuer, et puis on fera sécher les chausettes, chaussures et pantalon sur le poêle, et on se réchauffera la daube (une bonne daube de boeuf préparée la veille), miam! Puis un bon lit" Il était 18h45.
On continue donc, sur la carte on devait bifurquer à un moment sur la gauche pour monter sur une autre cuvette, suivre une rivière et remonter jusqu'au refuge.
On voit une crête à gauche, un monticule au milieu et la rivière qui remonte, ok.
D'après la carte on ne peut pas contourner le monticule par la droite en suivant la rivière principale alors que ça parraissait plus facile.
On commence donc à monter à gauche, vers la crête, en pensant que le refuge se trouvait juste derrière le monticule.
Averse de grêle, vent à nous faire tomber, on attend sous un arbre que ça passe.
Il fait nuit.
On ne voit plus grand chose des reliefs, on se dit qu'il vaut mieux monter et redescendre ensuite que l'inverse (regle de la montagne) ... on passe des névés et des éboulis de pierre, la pente est horriblement abrupte (je ne pense pas que je l'aurais fait de jour, j'aurais eu trop peur, là je ne me rendais pas trop compte).
On grimpe de plus en plus vers la crête en continuant à avancer vers le refuge.
On voit enfin le col qu'il faut gravir pour arriver au refuge, on se dirige vers lui, un éboulis cache un névé, puis des pierres, puis névé à nouveau, puis ... on n'en peut plus!
R. ne sent plus ses pieds, mon genou me fait très mal, fatigue, aucun de nous n'a plus la force de faire des marques dans la neige pour l'autre ... je propose qu'on s'arrête sur des rochers où il y a un peu d'herbe pour se reposer et qu'il se sèche les pieds, se mettre au chaud dans les duvets et décider ensuite de ce qu'on fait.
Le col est tout près, c'est frustrant!
Trop bien dans les duvets, on décide de rester dormir là et d'aller jusqu'au refuge le lendemain matin.
Le ciel est dégagé, on essaie de faire du feu avec quelques herbes (plus d'arbre à cette altitude, environs 2000m) qui sont en fait trop humides.
Fait froid mais on arrive à dormir un peu.
Ce matin, les montagnes sont rouges, pas un nuage, seuls au monde trop beau!
On attend que le soleil arrive jusqu'à nous pour se rechauffer et sécher les fringues avant de repartir (zavez déjà vu des fringues et des chaussures dures comme de la pierre???).
Le soleil est là, il fait bon, on regarde la carte ... on sort la boussole ... le nord est à notre droite! Il devait être en face. On voit bien les reliefs maintenant, on comprend.
On a loupé le refuge, on est monté beaucoup trop haut, on a dû faire le double du chemin prévu depuis le pont. Le refuge n'est pas en face de nous comme on le croyait, mais à notre droite, là d'où on vient.
Tant pis, soleil, bouffe, on dort enfin au chaud, on est heureux.
En redescendant on se rend compte que la crête par laquelle on est arrivés est normalement impraticable, aucun humain raisonnable n'y mettrait les pieds.
On descend dans une cuvette et là aussi en se retournant on remarque que de jour on n'aurait jamais eu l'idée d'aller là-haut, c'est grandiose mais qui est-ce qui irait se faire chier à aller voir là-bas?! Les bouquetins peut-être.
Arrivés plus bas on voit que de toutes façons personne n'est encore allé au refuge, aucune trace de pas.
En redescendant j'ai plus le courage de marcher dans les traces de R., la neige lui arrive aux genoux ou pire, pour moi qui suit plus petite c'est encore plus dur, je descend en luge sur les fesses (zavez déjà eu le cul de votre pantalon dur comme de la pierre???).
Pfffiou, voiture et maison à 21h.
Bleus partout sur les tibias, coups de soleil sur la tronche, mal partout, mais heureux.
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