Journal d'un Korrigan

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Dialoguons avec Dialogus

vendredi 30 juin 2006



Vous voulez demander des conseils de vie à Bouddha, écrire une lettre d'amour à James dean ou à Cendrillon, demander à Columbo des nouvelles de son chien ou de sa mère, dire votre ressenti à Jack l'Eventreur, polémiquer avec Darwin, insulter Hitler ou demander au Yéti où il se cache ... ?
Et surtout vous souhaitez qu'ils vous répondent?

"Gna gna gna mais ils sont morts", "gna gna gna mais ils n'existent pas" ... STOP!

Jetez vos oeillères au loin, reprenez votre nounours sous le bras, sucez même votre pouce si vous le souhaitez ... pour retrouver l'imagination de votre enfance où rien n'est impossible et posez vos questions comme des grands!

St Jean

samedi 24 juin 2006



FEUX DE LA SAINT-JEAN, en Bretagne
(D'après un article paru en 1834)


Dès la veille de le Saint-Jean, on voit des troupes de petits garçons et de petites filles en haillons aller de porte en porte, une assiette à la main, quêter une légère aumône: ce sont les pauvres, qui n'ont pu économiser sur l'année entière de quoi acheter une fascine d'ajonc, qui envoient ainsi leurs enfants mendier de quoi allumer un feu "en l'honneur de monsieur saint Jean".

Vers le soir, on aperçoit, sur quelque rocher élevé, au haut de quelque montagne, un feu qui brille tout-à-coup; puis un second, un troisième, puis cent feux, mille feux! Devant, derrière, à l'horizon, partout la terre semble refléter le ciel, et avoir autant d'étoiles ; de loin, on entend une rumeur confuse, joyeuse, et je ne sais quelle étrange musique, mélangée de sons métalliques et de vibrations d'harmonica qu'obtiennent des enfants en caressant du doigt un jonc fixé aux deux parois d'une bassine de cuivre pleine d'eau et de morceaux de fer; cependant, les conques des pâtres se répondent de vallée en vallée; les voix des paysans chantent des noëls aux pieds des calvaires, se font entendre; les jeunes filles, parées de leurs habits de fête, accourent pour danser autour des feux de saint Jean; car on leur a dit que, si elles en visitaient neuf, elle se marieraient dans l'année. Les paysans conduisent leurs troupeaux pour les faire sauter par dessus le brasier sacré, sûrs de les préserver ainsi de maladie.

C'est alors un spectacle étrange pour le voyageur qui passe, que de voir de longues chaînes d'ombres bondissantes tourner autour de mille feux, comme des rondes diaboliques, en jetant des cris farouches et des appels lointains. Dans beaucoup de paroisses, c'est le curé lui-même qui vient processionnellement, avec la croix, allumer le feu de joie préparé au milieu du bourg; à Saint-Jean-du-Doigt (Finistère), le même office est rempli par un ange qui, au moyen d'un mécanisme fort simple, descend, un flambeau à la main, du sommet de la tour élancée, enflamme le bûcher, puis s'envole et disparaît dans les aiguilles tailladées du clocher.

Les Bretons conservent avec une grande piété un tison du feu de la Saint-Jean: ce tison, placé près de leur lit, entre un bois bénit le dimanche des Rameaux, et un morceau de gâteau des Rois, les préserve, disent-ils, du tonnerre. Ils se disputent en outre, avec beaucoup d'ardeur, la couronne de fleurs qui domine le feu de Saint-Jean: ces fleurs flétries sont des talismans contre les maux du corps et les peines de l'âme: quelques jeunes filles les portent suspendues sur leur poitrine par un fil de laine rouge, tout puissant, comme on le sait, pour guérir les douleurs nerveuses.

A Brest, la Saint-Jean a une physionomie particulière et plus fantastique encore que dans le reste de le Bretagne. Vers le soir, trois à quatre mille personnes accourent sur les glacis; enfants, ouvriers, matelots, tous portent à la main une torche de goudron enflammée, à laquelle ils impriment un mouvement rapide de rotation. Au milieu des ténèbres de la nuit, on aperçoit des milliers de lumières agitées par des mains invisibles qui courent en sautillant, tournent en cercle, scintillent, et décrivent dans l'air mille capricieuses arabesques de feu: parfois, lancées par des bras vigoureux, cent torches s'élèvent en même temps vers le ciel, et retombent en secouant une grêle de braie enflammée, qui grésille sur les feuilles des arbres; on dirait une pluie d'étoiles.

Une foule immense de spectateurs, attirée par l'originalité de ce spectacle, circule sous cette rosée de feu. Cela dure jusqu'à la fermeture des portes. Quand le roulement de rentrée se fait entendre, la foule reprend le chemin de la ville. Alors, le pont-levis remonte, et les sentinelles commencent à se renvoyer le qui vive de nuit, tandis que sur les routes de Saint-Marc, de Morlaix et de Kerinou, on voit les torches fuir en courant, et s'éteindre successivement, comme les feux follets des montagnes.

En Poitou, pour célébrer la Saint-Jean, on entoure d'un bourrelet de paille une roue de charrette ; on allume le bourrelet avec un cierge bénit, puis l'on promène la roue enflammée à travers les campagnes, qu'elle fertilise, si l'on en croit les gens du pays.

Ici, les traces du druidisme sont évidentes : cette roue qui brûle est une image grossière, mais sensible, du disque du soleil, dont le passage féconde les terres. Le long de la Loire, les mariniers qui fêtent la Saint-Jean allument aussi des feux de joie, sur lesquels ils font une matelotte. Cet acte domestique semble rappeler le renouvellement des feux de ménage à l'ancienne fête de solstice.

En Allemagne, des usages du même genre constatent la liaison qui existe entre les feux de la Saint-Jeean et l'ancien culte du soleil.

C'est ainsi qu'un regard attentif nous fait retrouver partout dans le présent les traces du passé.

Cruelle berceuse

samedi 24 juin 2006



La pauvre veuve en sa chaumière
A son petit chantait tout bas:
"Le flôt déjà m'a pris ton frère;
Il l'aimait trop: ne l'aime pas!"
- Berce - disait la Mer perverse -
Serre-le bien dans tes deux bras:
Berce, berce,
Berce ton gâs!

Lorsque la Mer était très douce
Le petit gâs lui murmurait:
"Espère un peu: je serai mousse,
Dès mes douze ans, je partirai!"
- Rêve - disait le vent de grêve -
Rêve au beau jour où tu fuiras:
Rêve, rêve,
Rêve, mon gâs!

Lorsque la Mer était mauvaise
Le petit gâs, à demi-nu,
Chantait, debout sur la falaise,
Le front tourné vers l'inconnu!
- Chante - disait la Mer méchante -
Chante aussi fort que tu pourras:
Chante, chante,
Chante, mon gâs !

Un jour enfin, la pauvre Veuve
A vu partir son dernier né:
S'en est allé vers Terre-Neuve
Comme autrefois son frère aîné!
- Danse! le Flot roule en cadence;
Jusqu'à ta mort tu danseras:
Danse, danse,
Danse, mon gâs!

Son gâs parti, la pauvre femme
L'espère en vain depuis un an
En maudissant la Mer infâme
Qui lui répond, en ricanant:
- Pleure et gémis, hurle à cette heure :
J'ai, mieux que toi, serré mon bras ...
Pleure, pleure,
Pleure ton gâs!

- La cruelle berceuse de Théodore Botrel - Chanson des Pêcheurs de Terre-Neuve -

Noooon pas le bus!

mercredi 21 juin 2006



"Conduite acrobatique

En dehors des pannes, d'autre incidents risquent de retarder votre voyage: un voyageur allemand qui se rendait de Wùzhou à Yàngshuo fut surpris de voir son bus entrer en compétition avec celui qui le précédait pour récupérer les passager postés au bord de la route. Après s'être dangereusement collé à son pare-choc arrière et avoir klaxonné furieusement, le conducteur réussit, avec une incroyable audace et une totale inconscience du danger, à doubler son concurrent dans un virage aveugle et, du coup, chargea les passagers. L'autre conducteur, bien décidé à ne pas le laisser filer après un comportement aussi peu sportif, le rattrapa et s'arrêta pour le prendre à partie par la fenêtre.
De telles conditions étant encore éloignées d'un KO décisif, les deux hommes descendirent de leurs véhicules pour poursuivre leur pugilat sur le bas-côté. La situation tournait mal pour le conducteur du bus transportant notre touriste, lorsque le hurlement d'une sirène annonça l'arrivée des forces de l'ordre. Sans un regard pour les passagers, ils passèrent les menottes aux deux chauffeurs, les jetèrent sans autre cérémonie à l'arrière de leur fourgon et repartirent.
Il fallut attendre cinq heures avant que de nouveaux conducteurs soient envoyés sur le lieu du délit."

- Lonely Planet de la Chine -


"L'Inde et ses monstres mécaniques

Les bus locaux, notamment dans les grandes villes comme Kolkata et Delhi, ressemblent en général à de vieilles guimbardes bondées crachotant de la fumée et roulant à une vitesse insensée; sauf quand ils se retrouvent coincés dans les embouteillages. Les passagers ont à peine le temps de monter et de descendre, et les bus provoquent chaque jour des accidents qui font des morts et des blessés. Cette situation s'explique en grande partie par le fait que les conducteurs subissent d'énormes pressions pour rentabiliser leur engin au maximum.
Les conducteurs de bus sont souvent payés en fonction du nombre de passagers transportés et peuvent même recevoir une amende pour chaque minute de retard. Lorsqu'ils se font arrêter pour conduite dangereuse, ils sont libérés sous caution et reprennent le travail immédiatement, sachant pertinemment que leur dossier ne sera pas jugé avant des années; et le moment venu, tous les témoins se seront volatilisés ou n'auront plus qu'un souvenir très vague de l'incident. Selon la presse, quatre conducteurs sur cinq se voient infliger une amende mais ils ne sont jamais jugés.
Bon nombre d'entre eux admettent ouvertement qu'ils sont dans l'obligation d'adopter certaines "techniques", comme bloquer délibérément le passage à des bus concurrents ou prendre des risques pour les dépasser, mettant en péril la vie d'innocents piétons et automobilistes. Ces conducteurs expliquent que, en dehors des heures de pointe, ils commencent par rouler lentement pour ramasser le maximum de passagers, puis appuient à fond sur l'accélérateur à la fin du trajet pour rattraper le temps perdu.
La morale est la suivante: quand vous traversez une rue, renoncez à le faire si vous voyez un bus arriver. De même ne vous faufilez pas entre plusieurs bus à l'arrêt, le premier peut toujours en cacher un autre beaucoup plus rapide!"

- Lonely Planet de l'Inde -

Sans blagues!!!

Faut-il se lever tôt?

vendredi 9 juin 2006



"Alors que Nasreddin Hodja était encore jeune, son père lui dit un jour:
-Tu devrais te lever de bonne heure, mon fils.
-Et pourquoi, père?
-Parce que c'est une très bonne habitude. Un jour où je m'étais levé à l'aube, j'ai trouvé un sac d'or sur le chemin.
-Il avait peut-être été perdu la veille au soir?
-Non non, dit le père. Il n'était pas là, la veille au soir. Sinon je l'aurais remarqué en rentrant.
-Alors, dit Nasreddin, l'homme qui a perdu son or s'était levé encore plus tôt que toi. Tu vois que ce n'est pas bon pour tout le monde, de se lever tôt."

Conte tiré de "Le cercle des menteurs, contes philosophiques du monde entier" de Jean-Claude Carrière.

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J'adore cette morale!!! ^^

Nous les prenons sous notre protection!

mercredi 7 juin 2006

logo RESF

Pétition nationale : Nous les prenons sous notre protection !


"Pour des milliers d’enfants et de jeunes majeurs, le 30 juin 2006 ne marquera pas le début des vacances d’été, mais bien le commencement d’un calvaire. En effet, à cette date, le sursis que M. Sarkozy avait dû accorder aux jeunes majeurs sans papiers scolarisés et aux parents d’enfants scolarisés tombera. Suspendues parce que les mobilisations d’écoles et de lycées se multipliaient, les expulsions reprendront.

Ainsi, en guise de vacances, des milliers de jeunes et d’enfants joueront aux fugitifs, en vrai, avec ou sans leurs parents, guettant les bruits de pas à l’heure du laitier, tremblant à la vue d’un uniforme et vivant dans la hantise de perdre à jamais leur école, leurs enseignants, leurs copains. S’ils sont arrêtés, le grand jeu de leur été sera un petit rôle dans un film policier sordide : l’interpellation, seul ou en famille, les parents rudoyés, 48 heures de garde à vue dans une cellule de commissariat puis deux ou quatre semaines en rétention, crasse, bruit, violence et promiscuité assurés, et, pour finir, un aller-simple vers un pays qu’ils ne connaissent pas ou plus, dont certains ne parlent pas (ou plus) la langue, papa-maman menottés, entravés comme des bêtes et attachés à leurs sièges.

A l’arrivée, ce sera pour la plupart l’extrême misère : pas de logement ou le bidonville, pas de travail et pas d’espoir d’en trouver. Des persécutions, parfois les plus atroces, contre ceux que la France a débouté du droit d’asile. Ils paieront pour les raisons pour lesquelles ils avaient fui et certains pour avoir dénoncé leurs tortionnaires à l’étranger. Pour les enfants, pas d’école, dans des pays où la scolarisation est un luxe. C’est ce gâchis qui se cache derrière les chiffres records d’expulsions annoncés avec satisfaction par le ministre de l’Intérieur : des milliers de vies propulsées dans l’indigence et parfois achevées sous la torture !

Nous ne laisserons pas détruire la vie de ces enfants, de ces adolescents et de leurs parents. Ils sont nos élèves, les copains de nos élèves ou de nos enfants. Ils ont commencé d’étudier dans ce pays, ils en parlent la langue, ils ont les mêmes joies et, hélas, des soucis bien plus grands que les camarades de leur âge. S’ils décident (ou, pour les plus jeunes, si leurs parents décident) d’échapper à une expulsion honteuse, nous les y aiderons comme nous avons aidé Rachel et Jonathan à Sens, Samuel à Pau, Ming et Wei-Ying à Evreux. Nous sommes solidaires de ceux qui les accueilleraient. S’ils demandent asile, nous ne fermerons pas notre porte.

Cela contrevient aux lois en vigueur. Mais l’enseignement que nous avons à dispenser à nos élèves ou l’éducation que nous devons à nos enfants ne peut pas être l’exemple de la soumission à un ordre injuste. Chacun a en mémoire les épisodes où face à des persécutions insupportables, chacun a dû faire des choix. Et où ne pas choisir était choisir de laisser faire. Et pas seulement dans les périodes de dictature. Rosa Parks, emprisonnée à Atlanta en 1955 pour avoir enfreint les lois ségrégationnistes aurait-elle dû se soumettre au prétexte que ces lois avaient été « démocratiquement » prises ? Le général Paris de la Bollardière, mis aux arrêts pour avoir dénoncé les tortures de l’armée française en Algérie, aurait-il dû se taire parce que la France était une démocratie ?

Nous ne laisserons pas se commettre des infamies en notre nom."

L'oreille de Ch'hâ

lundi 5 juin 2006



"Dans les traditions du Moyen-Orient se rencontre un personnage insupportable et délicieux, qui s'appelle généralement Nasreddin Hodja. Ses histoires (innombrables) sont racontées partout, de la Turquie à la Perse, de la Syrie à l'Egypte, où il est appelé Goha.
Ces mêmes histoires se retrouvent dans la tradition populaire juive, où le personnage s'appelle Ch'hâ, et en Afrique du nord, où il est plus connu sous le nom de Djeha. On suit sa trace jusqu'en Pologne, où son nom est Srulek.
Cet homme offre un étonnant mélange de naïveté, voir de bêtise, et de roublardise extrême. Grand donneur de conseils qu'ils se garde bien de suivre, il s'avance porteur de tous les défauts des hommes: il est avare, menteur, envieux, jaloux, lâche et rigoureusement égoïste. La vie lui apparraissant absurde, il adapte son comportement à cette absurdité. C'est ce prince de la logique populaire que Gurdjieff, dans les Récits de Belzébuth à son petit-fils, plaçait au sommet de la sagesse humaine.
Pour introduire ce personnage essentiel, que nous retrouverons souvent sous des noms différents, le voici d'abord sous sa forme juive.
Donc, quand on demandait à Ch'hâ: où est ton oreille? Il passait son bras droit par dessus sa tête et touchait son oreille gauche en disant:
-Elle est là.
-Mais pourquoi te sers-tu de ton bras droit? Lui demandait-on. Pourquoi ne te sers-tu pas de ta main gauche, qui se trouve du même côté que ton oreille gauche?
Parce que, répondait Ch'hâ, si je faisais comme tout le monde, alors je ne serais plus Ch'hâ."

Tiré de "Le cercle des menteurs, contes philosophiques du monde entier" de Jean-Claude Carrière.