Journal d'un Korrigan

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Renaissance

mardi 26 décembre 2006



Pure mélancolie,
Une ancienne vie est finie.
Grandiose anarchie
D’une nouvelle voie infinie.

Perte de mémoire,
Je me perds dans un trou noir.
Suite aléatoire:
La porte s'ouvre sur un espoir.

Idées, sentiments,
Se fondent dans le néant,
Et abruptement,
Se rejoignent dans un élan.

Morne ignorance,
D’un chemin remplit d’errances.
Ici je me lance
Et enfin … vers moi j’avance.

Paella

vendredi 17 novembre 2006



Plaisir de bouches partagées.
Le poulet rissole dans le wok, il s’en occupe, ces petites cuisses doivent dorer de tous côtés pour exhaler leurs parfums. Il les retourne, les couve du regard, les cajole.
Moi je plante mon couteau dans ces chairs rouges et roses, le poivron qui résiste, les tomates qui coulent, les oignons qui piquent. Larmes qui coulent, aveugle je continue mon travail, l’ail y passe aussi, le chorizo suppure de plaisir, le lard se sépare de sa moitié sans regrets.
Un regard enjôleur, il me tend un verre, le vin rafraîchit ma gorge et éveille mes sens. Il m’a eue, il le sait.
Les cuisses sont chaudes, il les sort délicatement et me tend sa poêle. J’y verse avec plaisir mes chairs encore froides. Ca pétille de tous côtés, ça grésille, moment intense de plaisir et de rires partagés. Les odeurs nous enveloppent, l’alcool monte en moi, mon corps se réchauffe.
La cuisson des ingrédients nous laisse un temps de répit pour notre propre cuisine. On malaxe, touche, frôle, dans une danse de bouches qui se cherchent et se fuient. Les mains cherchent les portes du plaisir, mais l’appel du wok est plus fort.
C’est le moment d’y verser l’ingrédient suprême, le riz, encore tout dur et froid il se gonfle dans les jus. Il rosit de plaisir, se mélange avec volupté aux chairs végétales et aux cuisses animales qui sont venues s’y glisser entre temps. Tellement animales les cuisses qu’elles fondent, tournent, se cabrent. Les couleurs nous hypnotisent, les parfums nous enivrent, le verre se remplit et se vide aussi vite.
La course est lancée, les épices sont jetées, l’eau coule et le bouillon fond.
Bruits du bois contre le fer, sensations de corps spongieux qui glissent sur la cuillère, corps qui se poussent pour y assister, regards qui poussent leurs cris de joie, qui pétillent d’arrogance devant ce spectacle si bien orchestré.
La pression retombe, le mélange frémit en douceur, c’est le moment de servir et de déguster.
Rideau fermé, besoin d'intimité.

Le silence

jeudi 26 octobre 2006



Un silence dans une danse
Est un moment intense
Où les yeux des amants
S'attirent tels des aimants.

Un silence partagé
Est un instant privilégié
Où deux âmes s'apprennent
Et enfin se comprennent.

Un silence ambigu
Peut-être le tout début
D'une idylle frivole
Qui prendra son envol.

Un silence en soi
Est ce moment d'émoi
Où la petite enfance
S'épanouit en confiance.

Eclipse

mercredi 13 septembre 2006



La lune est tombée
Sur une goutte de rosée.
Le soleil, attendri,
N’ose encore lever la nuit.

Le reflet se fane,
La fleur fleurit,
Le soleil se pâme,
Adieu la nuit.

Un instant sous la lune

vendredi 1 septembre 2006



Un instant sous la lune
Un enfant naît à la vie,
Il est écrit sous la plume
Qu’il voit encore les esprits.

Ses yeux sont fermés,
Il ne voit qu’obscurité,
Mais il a vu déjà
Ce qu’un jour il oubliera.

Pour garder cette faculté
Il doit naître dans l’amour
Et vivre chaque jour
Comme si c’était le dernier.

Un instant sous la lune
Un enfant naît à la vie,
Il est écrit sous la plume
Qu’il changera les esprits.

L'instant

mardi 2 mai 2006



- L’instant -

Une tasse de thé fumant,
Un son entre en résonance,
C’est le doigt de l’homme aimant
Qui sur le bord de la tasse entre en transe.

Le son calme la femme occupée,
Elle s’assoit et part dans ses pensées,
Il émerveille le nouveau-né
Qui d’un coup cesse de pleurer.

L’homme alors comprend
L’importance d’un instant,
D’un simple geste innocent
Il peut changer le cours du temps.

Le pelerin

dimanche 16 avril 2006

- Le pèlerin -

Des traces sur la route,
L’homme ne sait pas où il va,
Il n’est pas en déroute
Mais suit le rythme de ses pas.

Il avance lentement,
Un jour il est ici, un autre là,
Demain il aura le même vêtement,
Mais jamais il n’est las.

Sa vie est comme ce chemin,
Semé d’embûches ou plat.
Peut importe, le pèlerin
Toujours avancera.

Si un jour tu le croises,
Tu peux lui prêter ton bras,
En tous cas, n’écrases
Jamais la trace de son pas.

Elle est le signe du temps,
Ce temps qui n’est là
Que pour te dire "attend,
Prends le temps, tu verras".



P'tit texte pour un dragon triste ...

jeudi 9 février 2006



Habitante des plaines
Mi-ange mi-humaine,
Ange gardienne des matins,
Humaine témoin des chagrins.

Je sillonnais sans peine
Cette autre Terre sereine,
A la recherche du Dragon gardien
De la "grotte aux Orphelins".

Je rencontrais la Reine,
Celle qui soigne les haines,
Celle qui sait si bien
Consoler les chagrins.

"Oh Mère, graine
De vie pleine et de mort certaine,
Offres-moi un vaccin
Pour le Dragon orphelin."

"Ma recette est incertaine:
Noue un brin de laine
A une pétale de jasmin,
Et attend jusqu'au matin.

Une nuit de lune pleine,
Mets le dragon en quarantaine,
Donne-lui alors la main,
Qu'il mache laine et jasmin.

Il versera une fontaine
De larmes de haine,
Elles fertiliseront le jardin
Qui le sauvera de son chagrin."

Je pris la route, incertaine
Des paroles de ma Reine,
Mais je savais qu'enfin
Elle m'avait tracé le chemin.

Je nouais la fleur et la laine,
Et j'atteignais la grotte lointaine,
Après quelques ravins
Et traces de lutins.

Je vois le Dragon et rengaine
Ma pauvre fleur et ma laine.
Il était assis sur le chemin
Et souriait au matin. :)

-Les errances de Koridwen-

dimanche 5 février 2006

-Ballade en foret-

C’est l’hiver. Il fait beau, un peu froid. Une envie de me promener en foret, de sentir la nature, toucher les arbres, parler aux animaux.
Je prends la voiture, je trace la route, elle est belle.

Un sentier presque invisible s’enfonce sous les arbres, je m’arrête.
Mes chaussures écrasent la mousse et les branches mortes, ça craque et c’est doux.
Je me sens bien, je commence à sourire, enfin!

Je suis le petit chemin. Fait par les hommes ? Non, il finit par disparaître sous des buissons épineux. Des sangliers ou des cerfs sûrement.

Alors … un oiseau se met à chanter à ma gauche, sur sa branche il me regarde, moi. Il me demande ce que je fais là, je lui réponds : « Je n’en sais rien, une envie, un besoin. »
Il me sourit (Je n’avais jamais vu un oiseau sourire avant), il me tend son aile et me dit : « Vas-y, prends une plume. ». (Mais je vais lui faire mal, de quel droit …?), mon bras se tend, ma main s’ouvre, mes doigts prennent délicatement cette plume qui s’offre à moi.
Je veux lui dire merci, mais avant que mes lèvres ne s’ouvrent il me dit : «Non, pas de merci, ici les choses se font naturellement. ». Je ne dis rien, je le regarde. Je regarde la plume, elle est brune, légèrement bleutée au bout, un léger duvet blanc sur les bords.
Le vent se lève, la plume commence à frémir, le vent l’emporte, et moi avec. Mes pieds quittent le sol, ma tête touche les nuages, je vois … je ne vois plus rien, quelle sensation !!! Je ne sens plus mon corps, je me sens légère, j’ai juste l’impression que mes courbes invisibles voguent sur la brise, mes cheveux flottent autours de moi comme si j’étais dans l’eau. (Je suis peut-être dans l’eau … non.).
Je commence à ressentir des couleurs, du vert, du brun, du noir. Des formes se forment, elles deviennent familières. Des parfums aussi, quels parfums !
L’impression que tous mes sens se réveillent, comme s’ils dormaient depuis toujours en attente de ce moment.
Mes yeux brillent, enfin !

Je suis allongée, nue, sur la mousse. J’ai froid sans avoir froid, faim sans avoir faim … vivante sans importance.
Aussi légère que tout à l’heure lorsque … (J’ai volé ? Impossible, j’ai rêvé, je me suis endormie et …).
Etrange … on me regarde … là, légèrement à gauche … je sens … je vois … ohhh ! Elle est belle !
Une petite fille, plus petite que la pomme de pin derrière laquelle elle se cachait. Elle a vu que je l’avais vu, je la vois comme je vous vois.
Elle vient vers moi et me dit … (Non ses lèvres ne bougent pas, mais je l’entends) … « Viens, suis-moi si tu veux. ». Je lui demande pourquoi elle ne me parle pas avec sa voix, elle me répond : « Parce que sinon tu ne me comprendrais pas, je ne connais pas ta langue. ». Mes neurones s’entrechoquent. (Mais alors, comment fait-elle pour … ?). Mes neurones se calment. Mes pieds la suivent.
Elle emprunte gentiment des chemins à ma taille, je la suis sans peine. Je ne me pose aucune question, tout est naturel, comme si … j’étais enfin dans le monde réel.
Je commence à entendre des rires. Je vois 3 enfants, aussi petits que ma petite fille, ils me regardent en pouffant … ils me montrent du doigt.
Je leur tire une langue coquine, alors ils tombent tous les trois par terre, ils rigolent comme si la mousse les chatouillait.
Je me mets à rire aussi, enfin !

Je me retourne vers ma petite-fleur-guide … elle n’est plus là, les enfants non plus.
Je tombe à genoux par terre, je suis toujours nue, c’est la seule réalité qu’il me reste.
Je me dis que rien n’est grave. Puisque je suis là, que j’aime la nature, autant en profiter, rester là quelques heures et puis rentrer.
La nuit m’enveloppera alors, je pourrai y cacher ma nudité.

Je m’assois dans la mousse, au soleil, je refais ma tresse. Mes cheveux sont emmêlés, pleins de feuilles. Avec patience je défais les nœuds, mes mains remplacent le peigne … ses mains remplacent mes mains.
C’est un homme, il est à côté de moi, ses mains dans mes cheveux, nu lui aussi.
Je lui demande ce qu’il fait là, il me répond : « Je n’en sais rien, une envie, un besoin. ».
Il ne m’effraie pas, je lui sourie, il me sourit, je le trouve beau, je me vois belle dans ses yeux.
Je termine ma tresse pendant qu’il ne dit rien.
On marche main dans la main, je suis heureuse, je sais qu’il est heureux.

Un rayon de soleil frappe ses cheveux, il se retourne surpris. Alors le rayon tombe dans son œil. Il voit … je ne vois pas. Je sens qu’il frissonne, je lui sers la main.

Je reprends conscience. Je ne me souviens pas.
Je suis nu, toujours. Je me souviens … (Où est-elle ?).
Une feuille s’envole, je décide de la suivre car je n’ai pas d’autre réalité à laquelle me raccrocher. Elle vole doucement, me laisse le temps de la suivre. Elle tombe dans un trou. Un terrier caché dans la mousse, au pied d’un arbre.
Je reste là à regarder ce terrier comme si …
L’arbre au-dessus bouge, ses branches se balancent, il me regarde. Je l’entends : « Toi qui es homme, tu peux bouger, vas-y … et dis-moi ».
Le terrier est à ma taille maintenant, non … je suis à sa taille.
Je descend … il fait noir mais je vois.
J’avance, les pieds dans la terre d’en bas, les cheveux dans celle d’en haut.
Un être me sourit, il me tend la main, je lui donne la mienne. On descend, on s’enfonce. D’autres apparaissent, ils ne me regardent pas. Frissons.
Ils sont occupés à creuser la terre autours d’un rocher deux fois plus grand qu’eux.
Mon guide me dit : « Ca fait cent ans aujourd’hui qu’on essaye de l’extraire, il gène l’arbre au-dessus. Aide-nous. ». Je lui souris : «Je ne peux pas, je ne sais pas.». Il me sourit, me montre le chemin par lequel nous sommes venus : « Va. ». Je remonte, je croise une fourrure, une hermine.
Je sors, aveugle. Non, je commence à voir. Le soleil est au même endroit, le temps n’a pas avancé. Je suis toujours à genoux devant l’arbre et le terrier. Je tends la main à l’intérieur, je sens un caillou, je le prends.
La pierre est belle, gris-rose. Je vois un petit tas de pierres semblables à la mienne à ma droite, je la pose dessus. Elle se glisse parfaitement au sommet des autres. Alors l’arbre se met à trembler doucement, il pousse un soupir (Le vent dans ses feuilles ?).
Une source se met à couler au pied du tas de pierres, elle se fraye un chemin dans les feuilles mortes, elle semble disparaître dans la terre qui la boit puis ressort plus loin. Je la suis.
(Qu’elle était belle !).
Je m’arrête, je vois un cerf qui boit cette source. Il lève la tête, me regarde. « Monte sur mon dos, homme. ». Je monte. Il marche doucement, je vois ses bois qui se balancent de gauche à droite … gauche … droite … gauche …

Je ne vois plus rien, je ne sens plus rien. Noir.
(Et si j’ouvrais les yeux ?) J’ouvre les yeux, je vois … blanc.
Puis du jaune apparaît, une tache, je regarde sous moi, du vert.
Le soleil brille, je suis allongé sur la mousse.
L’impression d’avoir dormi des jours, des lunes.

Je baille, un oiseau chante.
Je me lève, l’oiseau s’envole, un plume tombe, brune, au bout légèrement bleuté, bordée d’un duvet blanc … impression de l’avoir déjà touchée cette plume.

Je marche, les branches craquent sous mes chaussures. Je sors de la foret. Elle est là, elle m’attend avec sa tresse, je lui sourie, elle me sourit. Elle a les yeux qui brillent, les miens aussi, je le vois dans ses yeux.
Une légère brume se lève.
Je l’appelle Koridwen, elle me nomme Ivargna.

On monte dans la voiture, nous traçons la route ensemble, elle est encore plus belle.

-Désarroi-

dimanche 5 février 2006

La vie te prend parfois la main

  Et te demande où tu t'en vas.

Tu lui réponds: "Sur mon chemin,

  Je m'en vais à grands pas".


Elle se rend compte que tu te jettes

  Droit dans le désarroi qui te guette.

Droit dans la gueule du loup béante

  Qui ne te sais pas innocente.