Journal d'un Korrigan

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Inde 2009 - Tiruvannamalaï

mercredi 14 octobre 2009

Tiruvannamalaï ... on avait traversé cette ville en allant de Bangalore à Pondichery et on s'était jurés d'y revenir.
Elle se trouve au pied de l'Arunachala, un mont sacré. Des milliers de pèlerins en font le tour à chaque pleine lune.

On avait décidé de visiter le grand temple et peut-être ensuite d'aller grimper un peu ce mont. Mais en arrivant à Tiruvannamalaï ... quelques minutes à peine avant d'atteindre le temple ... il s'est mis à pleuvoir. Doucement au début puis de plus en plus fort à mesure qu'on approchait du temple pour terminer par des trombes d'eau qui se sont abattues au moment même où on s'arrêtait sur le parking.
Une bonne pluie de mousson.



Impossible de sortir de la voiture et de visiter le temple dans ces conditions. Et impossible de prévoir si cette pluie allait durer quelques minutes ou quelques jours ...



On allait renoncer, prêts à abandonner Tiruvannamalaï pour cette fois-ci et à continuer notre route. Mais notre chauffeur, qui est un éternel optimiste, nous a conseillé d'attendre un moment. Il savait à quel point ça nous tenait à cœur et il nous a conseillé d'aller visiter l'ashram de Sri Ramana Maharshi histoire de laisser un peu le temps à la pluie de cesser.

Sur le chemin de l'ashram notre taxi se transforme en bateau:



Il nous laisse donc devant l'ashram, on rentre dans l'enceinte ... mais on se rend compte qu'on n'a aucune envie d'y rester. Déjà il faut se déchausser et j'ai deux blessures au pied (souvenirs de la plage d'Auroville), je ne me vois pas marcher pieds-nus dans l'eau boueuse de la cour intérieure, et puis les ashrams ... ce n'est pas vraiment notre tasse de chaï.
On décide donc d'aller en boire un dans un petit shop qui se trouve juste en face de l'Ashram. Notre chauffeur a disparu. Comme à chaque fois qu'il nous laisse quelque part il trouve toujours quelqu'un avec qui discuter ou quelque chose à faire, où qu'on soit.

On se sent bien dans ce petit shop! Ça grouille de vie indienne. Complètement à l'opposé de ce qu'on aurait trouvé dans l'Ashram.



Un jeune indien un peu allumé me fait la conversation pendant qu'on sirote nos chaïs fumants. La pluie continue à tomber. Le visage de notre chauffeur apparait, souriant, et on le suit pour retourner au temple pendant une accalmie.

Je n'hésite pas à me déchausser cette fois-ci.
Le temple est immense, on passe sous le gopuram principal pour se retrouver dans la cour inondée.
La visite s'annonce peu fructueuse, même si le temple est beau il ressemble à beaucoup d'autres temples du Tamil Nadu. On voit des flaques, des touristes indiens, des échafaudages, le ciel est gris ... lorsqu'on aperçoit une file indienne (dans tous les sens du terme!) qui se faufile derrière une statue.

Intrigués on fait la queue sans réfléchir, on ne sait pas trop où on va mais petit à petit on se rend compte qu'on entre dans l'antre du temple.
On avance lentement ... on s'extasie devant les piliers intérieurs noircis par la fumée des bougies et des encens ... on ne sait pas trop si on a le droit d'être là en tant que non-hindous ... on est envahis par les odeurs d'encens, de bougie, d'épices ... par les sons de cloche, de tambours, de conques ... on suit la file qui avance, silencieuse.
On reprend nos esprits et on demande à un indien de nous expliquer un peu les significations des statues immenses, des sculptures sur les piliers, et surtout de nous dire où on va.
Question bête, on va au cœur.
Le cœur, un dernier sanctuaire où on hésite à entrer (mais personne ne nous en empêche), est lumineux, sulfureux, des flammes brûles, les indiens ne sont plus eux-mêmes, les odeur et les sons sont encore plus intenses.
Une passerelle instable en bois nous mène à deux brahmanes, quelques roupies en échange d'une petite pochette qui contient de la poudre à tilak et on laisse la place aux suivants.
On ne sait toujours pas si on avait le droit d'être là, c'est plutôt rare en Inde de pouvoir accéder au cœur d'un temple quand on n'est pas hindous et de pouvoir assister à ce genre de puja.

Après ce moment hors du temps (Qui a duré quelques dizaines de minutes? Quelques heures?) on visite un peu l'intérieur du temple qui est immense. Des allées de colonnes sculptées derrière lesquelles on trouve des dizaines de lingams, de statues ou de taureau nandi alignés.

On retrouve notre chauffeur, on lui donne nos pochettes de poudre à tilak qu'il accepte avec bonheur et on reprend notre route ...

Inde 2009 - Gingee

mardi 6 octobre 2009

On quitte donc Auroville pour un périple de trois jours dans le Tamil Nadu.
Nous avons prévu 3 étapes mais notre chauffeur de taxi nous propose de nous arrêter en chemin, à Gingee.
La région est rocailleuse et de la route on aperçoit deux monticules, un à gauche sur lequel se trouve le Fort du Roi, et un à droite où se trouve celui de la Reine ... que choisir ... allons-y pour le Roi!

On s'arrête donc en bas de l'enceinte et après avoir gravi quelques marches on se retrouve au pied du monticule proprement dit. Le lieu est calme, ensoleillé, des touristes indiens se baladent, jouent sous les arbres et pique-niquent sur les pelouses.
Et les singes ... font la même chose. :)







On commence à grimper, le soleil tape dur et les marches sont nombreuses ... mais la vue vaut le coup d'oeil.
En face de nous on aperçoit le monticule où se trouve le Fort de la Reine et on découvre plusieurs temples éparpillés dans le paysage.



Les marches humaines s'arrêtent là. On suit un chemin en terre, on grimpe quelques marches naturelles en pierre et sur notre droite on découvre un temple caché parmi les arbres ... on y dérangera un jeune couple qui se croyait seul au monde. Ça ne sera ni le premier ni le dernier. L'endroit, plein de coins et de recoins où on peut flirter tranquillement, est propice aux rendez-vous amoureux.



Un peu plus loin un pûjari nous attend devant son temple, il veut absolument pratiquer une puja pour nous ... c'est toujours difficile de refuser. On accepte tout en sachant que le seul but de cette puja pour nous sera de lui laisser quelques roupies. Il vit là, isolé, et c'est son seul gagne-pain.
On le laisse donc officier, on dépose quelques roupies dans la gamelle encensée qu'il nous tend et on profite d'un groupe de touristes indiens qui s'accaparent notre puja pour s'éclipser.
Ces pujas imposées me gênent toujours, elles sont associées à l'argent et on s'est fait avoir plus d'une fois. Difficile ensuite de se laisser faire, même par une personne respectable.





En le quittant on retourne sur nos pas ... un petit chemin invisible part sous les arbres ... curieux, on le suit ... pour découvrir un lac caché aussi vert que les arbres qui le bordent.




Quelques rencontres en chemin:

Inde 2009 - Auroville - Sadhana Forest

samedi 26 septembre 2009



Aux abords d'Auroville il existe un lieu appelé la Sadhana Forest.
C'est en quelques sortes l'Auroville des débuts, la même volonté, la même énergie.

Difficile à résumer, mais en gros: Auroville s'est construite sur un quasi-désert, beaucoup de canyons, de terre rouge et une végétation pauvre et sèche. Aujourd'hui l'endroit est beaucoup plus luxuriant, et la Sadhana Forest est une communauté qui s'est donnée le but de replanter une forêt qui était en train de disparaître et d'apprendre aux jeunes des techniques de reforestation et de vie écologique et communautaire.
L'idéal serait que les personnes venues participer au projet s'y installent plusieurs années mais le gros du groupe est surtout formé de jeunes de passage qui ne restent que quelques mois. Quoi qu'il en soit le projet fonctionne.
Tous les vendredi soir on peut visiter l'endroit: ça commence par une réunion pour nous expliquer le projet suivie d'une visite guidée du site, puis d'un film dans la hutte principale et ça se termine par un repas végétalien (aucune ressource animale n'est utilisée pour se nourrir: ni viande, ni œufs, ni lait).

Suivez le guide:

Bon on est arrivés un peu en retard, la réunion avait déjà commencée. Celui qui était chargé de nous faire la visite était assis dans la hutte communautaire et tous ceux et celles venus découvrir le projet étaient assis sur des coussins autours de lui. Pratiquement que des jeunes autours de la 20aine et un peu plus (on s'est sentis vieux du haut de notre trentaine!).
La réunion se faisait en anglais bien évidemment, arrivée en Inde depuis peu je n'ai pas compris grand-chose!
Ensuite la visite ... qui commence devant la hutte principale:



Petite fresque devant une hutte plus basse:



On nous emmène aux toilettes "vertes" (sur la photo ce sont des futures toilettes en construction, elles seront bientôt entourées d'une enceinte pour plus d'intimité et seront mises en service quand celles qui sont utilisées actuellement seront mises en "jachère"). Il y a un système pour séparer les excréments solides des liquides, les solides seront ensuite utilisés pour faire du compost.



Plus loin on découvre un système qui permet de se laver les mains sans gaspiller d'eau.
On nous montre ensuite le coin vaisselle: 4 seaux d'eau, de l'écorce de noix de coco sert d'éponge, de la cendre pour le savon désinfectant (on utilise cette technique dans notre guest-house), et du vinaigre dilué pour le rinçage (qui a aussi l'avantage de faire sécher rapidement la vaisselle sans laisser de traces).



Un peu plus loin un système que je n'ai pas du tout compris, un élevage de quelque chose qui sert à je-ne-sais-pas-quoi, bref.
Ensuite les potager, plusieurs petits en forme de tipis comme celui-ci:



Puis on quitte les habitations pour s'enfoncer dans la forêt avec notre petit groupe:



Tout le long de la visite le guide nous explique les différentes techniques de reboisement. La nature est encore très sèche, le projet n'a que quelques années, mais une partie de la forêt a déjà repoussé et on voit une multitude d'arbrisseaux récemment plantés, les plus fragiles sont protégés des animaux par des ronces. On longe des petits canyons secs entourés de la forêt qui repousse.



Au bout du parcours on nous montre une chambre de méditation, construite pour ceux et celles qui ont besoin ou envie de s'isoler. Je n'ai pas bien compris la technique de construction mais elle est apparemment bien pensée au niveau de l'isolation et une petite fenêtre s'ouvre sur la nature.



Petit clin d'oeil à deux français dont je parlerai plus loin, Nico et Julien, l'un habillé en noir qui tient l'arbre et l'autre avec un t-shirt blanc au fond:



Retours au camps et la visite se termine à l'emplacement d'un lieu sacré hindou: un petit autel au sol qui fait face à des statues de chevaux en terre cuite.
La forêt est beaucoup plus verte à cet endroit.



La plupart de l'énergie sur le camp est produite par des panneaux solaires, relayés par des vélos-générateurs quand le temps est couvert.
Les volontaires se déplacent en dehors du camps en mobylettes électriques (alimentées par l'énergie solaire).
Un système d'irrigation intelligent et à la récupération de l'eau de pluie permettent à la végétation d'avoir suffisamment d'humidité pour croître dans ce désert. Et la communauté peut boire et se laver sans gaspiller ni polluer les sous-sols d'où elle puise directement son eau.

La personne qui décide de participer à ce projet est logée gratuitement, elle doit juste payer sa nourriture si je me souviens bien (moins de 2 euros par jour) et travailler pour la communauté.

Petit hic pour nous dans cette visite: le "film" visionné après la visite était en fait une série de reportages américains qui parlaient de la biodiversité de notre planète et des conséquences des actions de l'homme sur la nature. Le genre de documentaires qu'on voit tous les jours sur les chaînes du câble, un peu trop sensationnels à mon goût.
La séance plongée dans le noir s'est éternisée. On aurait préféré voir moins de reportages et avoir la possibilité de débattre après chacun d'entre eux ... ça nous aurait paru plus constructif.

Il y a certaines choses qui rendent la vie difficile dans ce camps mais je ne peux pas bien en parler, ceux qui en font fait l'expérience en savent plus. Il y a beaucoup de règles et de restrictions apparemment au nom de la communauté, mais je ne préfère pas m'avancer ... entre rumeurs et vérité je n'ai pas fait le tri.
D'après ce qu'on m'en a dit et ce que j'ai ressenti, c'est plus adapté à des jeunes de 20-25 ans qu'à des personnes de 30 et plus qui ne sont plus prêt à s'adapter à quelque chose de trop rigide.

Bref, on est donc retournés au coin fumeur (à l'extérieur de l'enceinte du camps, interdiction de fumer à l'intérieur!) et on a fait la connaissance de deux jeunes, Nico et Julien donc, qui se font un tour du monde de deux ans en stop.
L'Inde n'est qu'une étape sur leur parcours, il passent de pays en pays, campent ou se font héberger chez l'habitant, voyagent au rythme des automobilistes qui veulent bien les prendre en stop ... une expérience qui me fait rêver!
Je regrette qu'ils n'aient pas la possibilité d'en parler plus au jour le jour, ils ont un blog Un Notre Monde mais sont limités à cause du nombre de photos déjà postées et ne peuvent pas le continuer. :(
Ils nous ont déjà raconté un certain nombre d'anecdotes vécues depuis le début de leur voyage, j'espère qu'ils en laisseront une trace ... un carnet de voyage ou un site internet?
...
Mon vœu a été exaucé juste avant de poster ce billet!
Voici leur nouveau blog: Un Notre Monde Bis.

On retrouve laborieusement l'ami qui nous accompagne dans la salle plongée dans le noir, on prend le taxi qui était venu nous rechercher, tant pis pour le repas végétalien, et on va manger en sa compagnie dans notre petit "restau" habituel.
Demain on quitte Auroville pour un trip de trois jours dans le Tamil Nadu et ensuite on quittera le sud et sa chaleur étouffante pour aller se réfugier dans la fraîcheur de l'Himalaya ...

Inde 2009 - Auroville (suite)

dimanche 20 septembre 2009

J'ai vécu à Auroville quand j'étais enfant et il me reste quelques amis là-bas. Pour plusieurs raisons je n'ai pas eu l'occasion de les voir cette fois-ci, donc je n'ai pas eu accès au cœur d'Auroville contrairement aux autres fois.
C'était l'occasion d'en découvrir une autre facette ... une vision plus extérieure, celle du touriste.
Auroville n'avait pas vocation à être un lieu touristique, elle aurait aimé s'en passer je pense, mais Pondicherry en a décidé autrement et a commencé à lui envoyer des cars entiers de touristes ... et beaucoup de personnes y passent pour s'imprégner du lieu sans s'y intégrer. Il a fallu faire avec.
Il y a donc un "circuit" touristique pour visiter le Matrimandir, le cœur d'Auroville: un petit chemin qui longe l'enceinte du site et qui s'arrête rapidement sur un point de vue panoramique du Matrimandir et de ses pelouses.
Un garde amorphe à l'entrée et un autre qui propose de l'eau fraîche au bout du chemin.

Dès l'entrée on passe devant un banian (rien à voir avec LE banian d'Auroville qui est plus proche du Matrimandir):




Sur cette dernière photo on peut voir une jeune racine, entourée de terre pour la garder en vie je pense, qui se plantera ensuite dans le sol pour faire un nouveau tronc.



Et on voit enfin apparaître le Matrimandir, il était en construction depuis des années, j'ai vu son avancée au fil des ans et il semble enfin terminé:


En longeant l'extérieur de l'enceinte on a eu une autre vue du Matrimandir:



Auroville ... on pourrait écrire des pages et des pages sur le sujet.
Une autre fois peut-être.
Là j'ai juste eu la sensation qu'elle était coupée du monde extérieur ... et de ses racines.

Un ricshaw voulait nous arnaquer de 50 roupies (1 euro! Oui on est des fous, on s'laisse pas faire!) donc on a marché 3 heures sur la route qui mène de la côte au Matrimandir, sous un soleil de plomb, dans la poussière ... avec des véhicules (camions, voitures et deux roues) qui passaient à toute vitesse près de nous. Il y a quelques années quelqu'un se serait arrêté pour nous proposer de nous emmener ou au minimum pour vérifier si tout allait bien ...
Il y a quelques années il y avait encore autant de chars à bœufs que de véhicules motorisés ...

Au moins on a eu l'occasion de traverser les villages indiens sur la route ... villages invisibles au yeux des nombreux aurovilliens et touristes qui passent tous les jours par-là. Là vie est la même qu'ailleurs, avec pour seule différence cette route très fréquentée qui coupe les villages en deux.
Bon j'exagère, beaucoup des habitants de ces villages travaillent aujourd'hui pour Auroville et ont certainement améliorés leur qualité de vie. Mais il y a quand-même cette sensation que plusieurs mondes se côtoient sans s'intégrer vraiment les uns aux autres: Auroville et l'Inde, Auroville et les touristes, Auroville et ... elle-même.

Par un concours de circonstances on a quand-même rencontré celui que je considère comme le cœur d'Auroville.
Un lion, à la crinière flamboyante et aux yeux qui contiennent l'Univers.
Après la visite du Matrimandir, beaucoup plus rapide que prévu, on s'est enfoncés sous les arbres pour trouver sa tanière ... derrière la sécheresse d'Auroville se cachent des oasis incroyables.
Et on l'a vu, assis à sa table de pierre, à l'ombre d'arbres verts comme jamais, des paons se promenaient derrière lui, des oiseaux chantaient tout autours, une fraîcheur se dégageait du sol récemment arrosé ...

Quelques heures plus tard nous voilà de retour sur la route sèche et rouge aux portes du Matrimandir où un ami doit passer nous chercher pour la suite de nos aventures ...

Inde 2009 - Flash-backs

lundi 27 juillet 2009

"Autre pays, autres mœurs.
Huit heures de bus entre Bangalore et Pondicherry.
Le bus file à toute allure, dépasse des véhicules qui en dépassent d'autres en même temps. Quelques motos et vélos vont dans le fossé pour nous éviter, notre bus y va aussi de temps en temps quand il croise un camion. Bref, la loi du plus gros sur les routes de l'Inde, rien d'inhabituel.
Quelque heures après le départ notre bus fait une pause sur une "aire" "d'autoroute".
Une aire de sable entourée de shops où se restaurer et de toilettes en dur. Un vieil homme prend deux roupies par personne, les hommes à gauche, les femmes à droite.
Je vais du côté des femmes, des regards étranges, une femme devant moi me laisse passer. Je lui demande si elle veut aller aux toilettes et elle me répond juste "allez-y" avec un sourire gêné. Je rentre, je comprends.
Des pissotières sont alignées le long du mur à droite, les mêmes que celles des hommes. Et sur chacune de ces pissotière une femme est accroupie, face au mur, le sari relevé juste assez pour cacher les fesses. Je fais la queue devant ces femmes alignées qui me tournent le dos, heureusement il y a trois toilettes fermées par des portes au fond de la salle.
Les femmes parlent entre elles, me regardent, sourient, rient, certaines espéraient sûrement me voir m'accroupir le long du mur mais hors de questions, je suis en pantalon! Et pas encore assez intime avec l'Inde, je viens juste d'arriver.
Je ne les regarde pas trop pour respecter leur intimité mais je les vois se laver les pieds ensuite sous un robinet. En France on se lave les mains en sortant des toilettes, en Inde on se lave les pieds ...
Moment précieux, entourée de femmes ... en sortant de là je me sens déjà un peu plus indienne.
Merci à elles de m'avoir acceptée avec douceur et sourires dans leur intimité.
Sensation d'une intégration très féminine, universelle."

- Écrit en Inde -


Pour expliquer un peu mieux le fonctionnement de ces pissotières: ce sont des wc turcs, au sol donc, séparés par des petites cloisons. Normalement les hommes se tiennent debout face au mur, les pieds sur les marchepieds, et les femmes s'accroupissent dos au mur quand ces wc sont individuelles. Mais là, pour des raisons d'intimité, les femmes s'accroupissent face au mur.


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"Une nuit comme les autres.
Une guest-house: Waves. Pré-mousson dans une hutte sur pilotis en bord de mer.
Contre l'homme, le moustique gagne toujours au moins une bataille ...
on avait une arme infaillible mais elle n'a pas fonctionné cette fois-ci, notre produit devait être trop dilué. On tente de dormir quand-même mais impossible. Deuxième tentative, un produit plus costaud, on s'en met partout ... c'est ce qu'on croyait. ils se ruent sur les moindres recoins de notre corps où le produit a été oublié. Il suffit d'un centimètre-carré non-imprégné et ils le trouvent. Tant pis, on dort. Mais plus le produit s'évapore plus ils attaquent large! Réveil en pleine nuit pour installer la moustiquaire. Nuit agitée, un moustique s'y était glissé.
Cette même nuit, entre deux doses de produit, on est allés prendre une douche. On passe devant la cuisine communautaire, un espace rond, ouvert, juste un toit soutenu par douze piliers. Surprise d'y voir un occidental, en pleine nuit, faire les 100 pas. Il tourne en rond dans cette cuisine, le regard vide et sombre à la fois. On sort de la douche et il tourne toujours. Des démons à évacuer?"

- Écrit en Inde -


Notre première arme infaillible était du Solvarome. Un mélange d'huiles essentielles que ma mère utilise depuis toujours et que j'utilise à mon tour depuis des années. On l'achète en concentré et on le dilue pour l'utiliser sur à-peu-près tout: les boutons, brûlures, coups de soleil, les petits bobos, en bain de bouche ... bref, un petit produit miracle uniquement à base de plantes. Quand j'étais jeune on ne le trouvait qu'à la pharmacie de l'Europe à Paris, maintenant il est distribué dans pratiquement toutes les pharmacies.
A force de l'utiliser en Inde on a même découvert qu'il repoussait les moustiques. Ça a toujours marché sauf cette-fois-ci ...

Inde 2009 - Auroville

lundi 13 juillet 2009

Dernière balade dans les rues de Pondicherry:




Et en route vers Auroville donc!
D'ailleurs en parlant de route ... un petit aperçu du respect de la ligne blanche ... ici il ne s'agit que de trente secondes de trajet sur la route qui relie Pondicherry à Auroville mais c'est la même chose partout en Inde:



Arrivés à Auroville nous cherchons la guest-house où nous étions huit ans plus tôt, Waves, composée de quelques huttes sur la plage et tenue par une russe très sympathique que nous espérons revoir. Le tsunami est passé par là et nous ne savons pas si elle a reconstruit sa guest-house ou si elle l'a abandonnée.
La guest-house existe toujours! L'entrée n'est plus à la même place et de nouvelles huttes ont poussé. Tanya, la gérante russe toujours aussi accueillante, nous explique que le tsunami a détruit la plupart des huttes et que la seule construction qui a vraiment tenu est la cuisine en dur (qui était en construction lorsque nous y étions il y a 8 ans). Il n'y a eu aucune blessé, par chance elle était en déplacement ce jour-là. Depuis elle a construit de nouvelles huttes, terminé sa cuisine en dur, ajouté des toilettes/douches et la végétation a poussé ...

Huit ans plus tôt nous avions une petite hutte comme celle-ci:



Cette fois-ci nous en prenons une plus grande, tournée vers la mer, elle sera notre maison pendant huit jours ...











C'est un endroit magique pour passer des vacances ... sauf au moment des grosses chaleurs.
Impossible d'aller prendre une douche pieds-nus, le sable est brûlant le jour ... et la nuit il nous renvoie la chaleur accumulée pendant la journée. C'est donc très difficile de bouger de notre hutte: il faut avoir le courage de se bouger pour aller prendre une douche, de s'habiller ensuite alors qu'on est moites, et de longer la plage sous un soleil de plomb pour trouver un rickshaw sur la route principale.
Mais bon on a aussi droit à des moments magiques: la nuit est calme, juste le bruit du vent et des vagues ... avec la chance de passer quelques heures à admirer la mer sous une pleine lune magnifique.
Sans parler des rencontres intéressantes, de la sensations que Paris n'existe plus, d'une baignade en compagnie d'une famille indienne qui avait l'air de découvrir la mer pour la première fois ...




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Un soir, dans une pizzeria, on a vu un petit chat blanc mal en point.
Il restait prostré sur le sol et paraissait à peine sevré (trop jeune pour l'être je pense). Je l'ai pris sur les genoux et dès que j'arrêtais de le caresser il se levait péniblement sur ses pattes et miaulait pour me réclamer des câlins. Il était vraiment tout petit, tout perdu, tout triste ...
Les serveurs m'ont demandé si je voulais le garder ... c'était vraiment tentant de l'emmener loin d'ici pour lui trouver un meilleur foyer, on était tard le soir et j'ai appris que son dernier repas datait de la veille! Mais que faire ... en Inde les chiens et les chats sont à moitié sauvages et personne ne s'en occupe vraiment.
Vu son état je ne sais pas si il est encore vivant aujourd'hui. :(

Inde 2009 - Pondicherry

mercredi 8 juillet 2009

Nous voilà donc arrivés à Pondicherry après 8 heures de bus.
Là encore on ne va y rester que peu de temps car notre véritable destination est Auroville. On a tout fait pour y arriver le plus vite possible, Bangalore et Pondicherry ne sont que des étapes sur notre route.

On a passé la nuit dans un bel hôtel, un peu cher, avec un balcon privé et une belle terrasse fleurie.
Pour ceux que ça intéresse voici l'adresse et le descriptif du Lonely Planet:

Ganga Guest House
(479 Bharathi Street)
Une splendide maison ancienne à colonnade dans des tons rouge et jaune profonds, tapissée d'affiches de Bollywood. Les chambres sur le toit bénéficient d'un peu de fraîcheur et certaines ont un balcon.









La salle à l'entrée de l'hôtel est très accueillante:






Un rickshaw-wallah (conducteur de rickshaw):




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Dans beaucoup de villes et de villages en Inde il y a une sorte de couvre-feu la nuit. Rien d'officiel mais c'est un couvre-feu de bon sens parce que la nuit indienne appartient aux meutes de chiens redevenus sauvages sous la lune. Ils sont solitaires le jour, chacun se débrouille pour survivre, mais ils se réunissent en meutes la nuit et c'est parfois assez impressionnant, il vaut mieux se promener avec un bâton!
Une technique pour éloigner les chiens et les singes en Inde: se baisser pour faire semblant de ramasser un caillou. Ça marche quasiment à chaque fois.

De notre balcon on a remarqué qu'une de ces meutes essayait de débusquer une proie et après quelques minutes on a vu ce qui les excitait à ce point: un rat ... énorme.

Inde 2009 - Bangalore

samedi 4 juillet 2009



L'Inde, ou "On ne sait jamais".
Arrivés en Inde, la douane.
Une question toute simple: "Dans quel hôtel allez-vous loger?".
Une réponse indienne, comme une prédiction: "Où le rickshaw voudra bien nous mener".
Rires.
On avait une adresse pourtant, mais le taxi indien oublie vite les adresses qui ne l'arrangent pas. Il nous emmène ailleurs, un palace, on le repousse dans la rue, il tourne puis s'arrête.
Tous les indiens semblent se connaître quand il s'agit de business! Trois hommes dans un rickshaw servent maintenant de guide à notre taxi pour nous mener enfin à notre hôtel, fermé semble-t-il, chose impossible en Inde. La prochaine fois on parlera au gérant de l'hôtel avant nos trois guides. Ils nous emmènent dans un hôtel à 400 rps la chambre, quatre énormes cafards au premier coup d'œil, ça fait cher le cafard ...
On trouve une chambre à 800 rps, il est deux heures du matin, ça ira pour ce soir.
Une prédiction à la douane qui se vérifie immédiatement ... l'Inde est surprenante et pourtant si prévisible quand on la connaît.


- Écrit en Inde -




Nous sommes donc arrivés en Inde en pleine nuit, à Bangalore qui est une grande ville à la circulation intense.
On veut se rendre au plus vite à Pondicherry. Le lendemain on passe donc une partie de la journée en rickshaw, pour aller chercher nos billets de bus d'abord et pour aller prendre notre bus ensuite.



Puis on prend le bus en début d'après-midi, 8h de bus environs pour 125 rps par personne (à peine 2 euros).

Inde 2009 - L'odeur

samedi 4 juillet 2009




L'odeur.
A peine sortis de l'avion elle surprend.
Une surprise la première fois, un souvenir ensuite.
Toujours la même odeur, même cinq ans après, à Bangalore, à Bombay, à Dehli, à Madras ... peu importe où on atterrit en Inde, peu importe quand, elle sera toujours là.
Une odeur unique pour un pays si grand?
Une explication peut-être ... un mélange d'odeurs souvent utilisées en Inde: encens, lessive, beedies ... trois ingrédients, et peut-être d'autres encore, utilisés avec la même régularité dans un pays pourtant connu pour être celui des extrêmes, un pays qui n'est pas le même au nord, au sud, à l'est, à l'ouest. Un continent presque.
Malgré leur diversité les indiens vivent avec une régularité sacrée. Un Bengali allumera son beedi au même instant qu'un Tamoul, une rajasthani battra son linge sur les ghâts au même rythme qu'une cachemirie sur les pierres d'une rivière. Quant aux encens on sait qu'ils brûlent indéfiniment dans toute l'Inde, dans ses déserts, dans ses montagnes, dans sa jungle ... les temples sont partout.
Une explication qui me plaît.


- Écrit en Inde -

Inde 2009, le départ

jeudi 2 juillet 2009

Un nouveau voyage ... en Inde encore une fois.
Un voyage court, 1 mois seulement. Ça sera largement suffisant, il faisait chaud, très chaud! On y était en juin, pas le choix, et c'est la pire période ... juste avant la mousson, là où il fait le plus chaud et où le taux d'humidité est à son maximum.
En plus, comme on est un peu fous, on a passé une bonne partie du voyage dans le sud et à Dehli ... mais on a terminé par les montagnes histoire de passer quelques jours au frais avant de revenir en France.

Voilà donc le récit, en photos et vidéos, de deux fous partis mourir de chaud en Inde ...


Pour commencer on a eu la chance de faire le voyage en classe affaire. Pour certains c'est une habitude mais pour nous c'était le luxe! Une petite coupe de champagne juste après le décollage, un repas copieux, un écran "géant" personnel et les hôtesses aux petits soins ...
Ce n'est pas spécialement intéressant mais c'est un bon souvenir pour nous, on en a bien profité vu ce qui nous attendait ensuite ... nos dernières heures de répit avant la folie indienne.