Journal d'un Korrigan

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Inde 2009 - Auroville - Sadhana Forest

samedi 26 septembre 2009



Aux abords d'Auroville il existe un lieu appelé la Sadhana Forest.
C'est en quelques sortes l'Auroville des débuts, la même volonté, la même énergie.

Difficile à résumer, mais en gros: Auroville s'est construite sur un quasi-désert, beaucoup de canyons, de terre rouge et une végétation pauvre et sèche. Aujourd'hui l'endroit est beaucoup plus luxuriant, et la Sadhana Forest est une communauté qui s'est donnée le but de replanter une forêt qui était en train de disparaître et d'apprendre aux jeunes des techniques de reforestation et de vie écologique et communautaire.
L'idéal serait que les personnes venues participer au projet s'y installent plusieurs années mais le gros du groupe est surtout formé de jeunes de passage qui ne restent que quelques mois. Quoi qu'il en soit le projet fonctionne.
Tous les vendredi soir on peut visiter l'endroit: ça commence par une réunion pour nous expliquer le projet suivie d'une visite guidée du site, puis d'un film dans la hutte principale et ça se termine par un repas végétalien (aucune ressource animale n'est utilisée pour se nourrir: ni viande, ni œufs, ni lait).

Suivez le guide:

Bon on est arrivés un peu en retard, la réunion avait déjà commencée. Celui qui était chargé de nous faire la visite était assis dans la hutte communautaire et tous ceux et celles venus découvrir le projet étaient assis sur des coussins autours de lui. Pratiquement que des jeunes autours de la 20aine et un peu plus (on s'est sentis vieux du haut de notre trentaine!).
La réunion se faisait en anglais bien évidemment, arrivée en Inde depuis peu je n'ai pas compris grand-chose!
Ensuite la visite ... qui commence devant la hutte principale:



Petite fresque devant une hutte plus basse:



On nous emmène aux toilettes "vertes" (sur la photo ce sont des futures toilettes en construction, elles seront bientôt entourées d'une enceinte pour plus d'intimité et seront mises en service quand celles qui sont utilisées actuellement seront mises en "jachère"). Il y a un système pour séparer les excréments solides des liquides, les solides seront ensuite utilisés pour faire du compost.



Plus loin on découvre un système qui permet de se laver les mains sans gaspiller d'eau.
On nous montre ensuite le coin vaisselle: 4 seaux d'eau, de l'écorce de noix de coco sert d'éponge, de la cendre pour le savon désinfectant (on utilise cette technique dans notre guest-house), et du vinaigre dilué pour le rinçage (qui a aussi l'avantage de faire sécher rapidement la vaisselle sans laisser de traces).



Un peu plus loin un système que je n'ai pas du tout compris, un élevage de quelque chose qui sert à je-ne-sais-pas-quoi, bref.
Ensuite les potager, plusieurs petits en forme de tipis comme celui-ci:



Puis on quitte les habitations pour s'enfoncer dans la forêt avec notre petit groupe:



Tout le long de la visite le guide nous explique les différentes techniques de reboisement. La nature est encore très sèche, le projet n'a que quelques années, mais une partie de la forêt a déjà repoussé et on voit une multitude d'arbrisseaux récemment plantés, les plus fragiles sont protégés des animaux par des ronces. On longe des petits canyons secs entourés de la forêt qui repousse.



Au bout du parcours on nous montre une chambre de méditation, construite pour ceux et celles qui ont besoin ou envie de s'isoler. Je n'ai pas bien compris la technique de construction mais elle est apparemment bien pensée au niveau de l'isolation et une petite fenêtre s'ouvre sur la nature.



Petit clin d'oeil à deux français dont je parlerai plus loin, Nico et Julien, l'un habillé en noir qui tient l'arbre et l'autre avec un t-shirt blanc au fond:



Retours au camps et la visite se termine à l'emplacement d'un lieu sacré hindou: un petit autel au sol qui fait face à des statues de chevaux en terre cuite.
La forêt est beaucoup plus verte à cet endroit.



La plupart de l'énergie sur le camp est produite par des panneaux solaires, relayés par des vélos-générateurs quand le temps est couvert.
Les volontaires se déplacent en dehors du camps en mobylettes électriques (alimentées par l'énergie solaire).
Un système d'irrigation intelligent et à la récupération de l'eau de pluie permettent à la végétation d'avoir suffisamment d'humidité pour croître dans ce désert. Et la communauté peut boire et se laver sans gaspiller ni polluer les sous-sols d'où elle puise directement son eau.

La personne qui décide de participer à ce projet est logée gratuitement, elle doit juste payer sa nourriture si je me souviens bien (moins de 2 euros par jour) et travailler pour la communauté.

Petit hic pour nous dans cette visite: le "film" visionné après la visite était en fait une série de reportages américains qui parlaient de la biodiversité de notre planète et des conséquences des actions de l'homme sur la nature. Le genre de documentaires qu'on voit tous les jours sur les chaînes du câble, un peu trop sensationnels à mon goût.
La séance plongée dans le noir s'est éternisée. On aurait préféré voir moins de reportages et avoir la possibilité de débattre après chacun d'entre eux ... ça nous aurait paru plus constructif.

Il y a certaines choses qui rendent la vie difficile dans ce camps mais je ne peux pas bien en parler, ceux qui en font fait l'expérience en savent plus. Il y a beaucoup de règles et de restrictions apparemment au nom de la communauté, mais je ne préfère pas m'avancer ... entre rumeurs et vérité je n'ai pas fait le tri.
D'après ce qu'on m'en a dit et ce que j'ai ressenti, c'est plus adapté à des jeunes de 20-25 ans qu'à des personnes de 30 et plus qui ne sont plus prêt à s'adapter à quelque chose de trop rigide.

Bref, on est donc retournés au coin fumeur (à l'extérieur de l'enceinte du camps, interdiction de fumer à l'intérieur!) et on a fait la connaissance de deux jeunes, Nico et Julien donc, qui se font un tour du monde de deux ans en stop.
L'Inde n'est qu'une étape sur leur parcours, il passent de pays en pays, campent ou se font héberger chez l'habitant, voyagent au rythme des automobilistes qui veulent bien les prendre en stop ... une expérience qui me fait rêver!
Je regrette qu'ils n'aient pas la possibilité d'en parler plus au jour le jour, ils ont un blog Un Notre Monde mais sont limités à cause du nombre de photos déjà postées et ne peuvent pas le continuer. :(
Ils nous ont déjà raconté un certain nombre d'anecdotes vécues depuis le début de leur voyage, j'espère qu'ils en laisseront une trace ... un carnet de voyage ou un site internet?
...
Mon vœu a été exaucé juste avant de poster ce billet!
Voici leur nouveau blog: Un Notre Monde Bis.

On retrouve laborieusement l'ami qui nous accompagne dans la salle plongée dans le noir, on prend le taxi qui était venu nous rechercher, tant pis pour le repas végétalien, et on va manger en sa compagnie dans notre petit "restau" habituel.
Demain on quitte Auroville pour un trip de trois jours dans le Tamil Nadu et ensuite on quittera le sud et sa chaleur étouffante pour aller se réfugier dans la fraîcheur de l'Himalaya ...

Inde 2009 - Auroville (suite)

dimanche 20 septembre 2009

J'ai vécu à Auroville quand j'étais enfant et il me reste quelques amis là-bas. Pour plusieurs raisons je n'ai pas eu l'occasion de les voir cette fois-ci, donc je n'ai pas eu accès au cœur d'Auroville contrairement aux autres fois.
C'était l'occasion d'en découvrir une autre facette ... une vision plus extérieure, celle du touriste.
Auroville n'avait pas vocation à être un lieu touristique, elle aurait aimé s'en passer je pense, mais Pondicherry en a décidé autrement et a commencé à lui envoyer des cars entiers de touristes ... et beaucoup de personnes y passent pour s'imprégner du lieu sans s'y intégrer. Il a fallu faire avec.
Il y a donc un "circuit" touristique pour visiter le Matrimandir, le cœur d'Auroville: un petit chemin qui longe l'enceinte du site et qui s'arrête rapidement sur un point de vue panoramique du Matrimandir et de ses pelouses.
Un garde amorphe à l'entrée et un autre qui propose de l'eau fraîche au bout du chemin.

Dès l'entrée on passe devant un banian (rien à voir avec LE banian d'Auroville qui est plus proche du Matrimandir):




Sur cette dernière photo on peut voir une jeune racine, entourée de terre pour la garder en vie je pense, qui se plantera ensuite dans le sol pour faire un nouveau tronc.



Et on voit enfin apparaître le Matrimandir, il était en construction depuis des années, j'ai vu son avancée au fil des ans et il semble enfin terminé:


En longeant l'extérieur de l'enceinte on a eu une autre vue du Matrimandir:



Auroville ... on pourrait écrire des pages et des pages sur le sujet.
Une autre fois peut-être.
Là j'ai juste eu la sensation qu'elle était coupée du monde extérieur ... et de ses racines.

Un ricshaw voulait nous arnaquer de 50 roupies (1 euro! Oui on est des fous, on s'laisse pas faire!) donc on a marché 3 heures sur la route qui mène de la côte au Matrimandir, sous un soleil de plomb, dans la poussière ... avec des véhicules (camions, voitures et deux roues) qui passaient à toute vitesse près de nous. Il y a quelques années quelqu'un se serait arrêté pour nous proposer de nous emmener ou au minimum pour vérifier si tout allait bien ...
Il y a quelques années il y avait encore autant de chars à bœufs que de véhicules motorisés ...

Au moins on a eu l'occasion de traverser les villages indiens sur la route ... villages invisibles au yeux des nombreux aurovilliens et touristes qui passent tous les jours par-là. Là vie est la même qu'ailleurs, avec pour seule différence cette route très fréquentée qui coupe les villages en deux.
Bon j'exagère, beaucoup des habitants de ces villages travaillent aujourd'hui pour Auroville et ont certainement améliorés leur qualité de vie. Mais il y a quand-même cette sensation que plusieurs mondes se côtoient sans s'intégrer vraiment les uns aux autres: Auroville et l'Inde, Auroville et les touristes, Auroville et ... elle-même.

Par un concours de circonstances on a quand-même rencontré celui que je considère comme le cœur d'Auroville.
Un lion, à la crinière flamboyante et aux yeux qui contiennent l'Univers.
Après la visite du Matrimandir, beaucoup plus rapide que prévu, on s'est enfoncés sous les arbres pour trouver sa tanière ... derrière la sécheresse d'Auroville se cachent des oasis incroyables.
Et on l'a vu, assis à sa table de pierre, à l'ombre d'arbres verts comme jamais, des paons se promenaient derrière lui, des oiseaux chantaient tout autours, une fraîcheur se dégageait du sol récemment arrosé ...

Quelques heures plus tard nous voilà de retour sur la route sèche et rouge aux portes du Matrimandir où un ami doit passer nous chercher pour la suite de nos aventures ...