(Voir le Jour 2)

On marche 10 minutes à peine pour enfin arriver ... devant notre vallée!


On n'a plus qu'à l'explorer et trouver où poser notre campement pour quelques jours ...
On s'engage alors dans le vallon de la Salse Morene.

Cette vallée est remarquable par ses fontis. On les associe beaucoup aux anciennes carrières, le plafond des galeries s'effondre et forme un trou en forme de cône inversé.
Mais certains se forment naturellement. Le gypse qu'on trouve en sous-sol est soluble dans l'eau, les couches souterraines s'enfoncent et le "plafond" finit par s'effondrer, formant toujours ce trou en forme de cône inversé ou de cuvette.
Certains s'effondrent brusquement, d'autres se forment plus lentement.

Formation d'un fontis:


On descend donc dans cette vallée qu'on ne connaît pas encore.
Après avoir traversé le lit d'une première rivière on s'arrête devant un petit chalet en ruine mais "Laissez-le dans l'état dans lequel vous l'avez trouvé pour les prochains occupants", il est donc habitable. Oui ... mais non, le mur du fond tient sur des pierres qui ne paraissent pas très stables, les bords du lit de la rivière, assez profond, s'effondrent petit à petit et viennent les grignoter, pas très très rassurant.
Mais l'idée de dormir dans un chalet nous plait, la pluie menace de tomber et vu le froid de la nuit dernière on apprécierais d'être à l'abris du vent.

On continue et on en trouve un deuxième, en bien meilleur état.
Par contre il est à l'entrée de la vallée sur le chemin de randonnée, ça ne ressemble pas au séjour "perdus dans la nature" qu'on est venu chercher.
On voit au loin un autre chalet qui a l'air plus accueillant, on distingue un homme et un chien, sûrement un berger, la pluie commence à tomber tout doucement. On décide d'y aller et de voir ce qu'il en est.

On doit traverser un lit de rivière encore plus profond, en remontant je me retrouve dans une situation que je n'aime pas du tout, le petit chemin s'efface, il n'y a plus qu'une pente de terre qui tombe directement dans la rivière ... s'il y a une chose qui me fait peur en montagne c'est d'être dans une situation instable et de glisser. Je me retrouve à genoux la main agrippée à un petit caillou qui daigne se trouver dans le coin et les jambes qui commencent à trembler. Sans mon sac ça irait mais là mon centre de gravité et mon poids au sol sont complètement différent d'habituellement. Mon aventurier préféré passe devant, tel un chamois, pose son sac et revient me tenir la main. Ca passe!
On grimpe des collines verdoyantes et on arrive au chalet.

Qu'est-ce qu'on voit, tendus entre le toit et le sol ...? Des drapeaux à prières tibétains!
Quelqu'un qui accroche des drapeaux tibétains doit être une personne bien! (Complètement subjectif oui ;) )

On est accueillis par trois ou quatre chiens, puis en s'avançant vers la porte un homme en sort, encore assez jeune (impossible de déterminer son âge, moins de la 40aine je pense mais ... ?), avec de longues dreadlocks et le regard profond mais qui dit très clairement "Qu'est-ce qu'ils me veulent ceux-là?".
Mon tchatcheur du sud préféré le rassure tout de suite "On n'est pas de simples touristes qui veulent faire chier", on se comprend.
C'est effectivement un berger, le chalet lui appartient cet été, il est laissé en "libre-service" en hivers pour les randonneurs. On lui demande où on peut poser la tente, il nous indique les endroits protégés du vent et une source d'eau potable. On discute un peu puis on le laisse, la pluie recommence à tomber on veut vite planter la tente!

Il revient plus tard à notre rencontre pour nous indiquer une ancien chalet-bergerie abandonné (celui utilisé avant la construction du nouveau), près d'une source et d'une belle cascade!
Il n'avait pas pensé à nous le dire lors de notre première rencontre, il n'en parle habituellement pas mais il nous aime bien ...

On suit donc ses indications et on le trouve.
Une simple cabane, avec une table branlante et un sommier de lit qui ressemble plus à une table. A côté une "bergerie" (on saura plus tard qu'elle servait à isoler les animaux malades ou blessés) construite en pierres callées les unes dans les autres et recouverte de terre. Un peu comme les habitations des Hobbits dans Le Seigneur des anneaux. On voit aussi des rangées de pierres qui servaient de murets pour l'enclos des bêtes. Dans cet ancien enclos des orties à profusion! Crottes de mouton=engrais à orties?
On décide de se servir de la cabane pour poser les affaires et manger au chaud et de planter la tente à côté pour dormir. Je coupe des herbes sèches pour nous faire un petit matelas pendant que mon homme range la cabane.


La pluie se met à tomber mais ouf, la tente est plantée et nous voilà bien au chaud pour notre première soirée ...


Soirée bien étrange ... après avoir passé un an complet à Paris, entourés de monde, de bruit, de mouvements ... de présence! Nous voilà seuls au monde, entre nous, sans aucune occupation ni distraction.
Paris est oppressante à sa manière, on peut s'y sentir seul alors que ...
La montagne l'est d'une autre manière, sensation de vide alors qu'elle est loin de l'être! Notre esprit habitué à se distraire le soir se pose des questions, comme une préoccupation "que vais-je faire, à quoi puis-je bien penser ... ?".
Mais à rien!!! Ou à tout, comme tu veux. Aucune obligation, aucune direction ... lâcher prise.
On est face à nous-même ...