Bon, donc, j’en étais où?
Ah oui, bretonne exilée, loin de son Inde …

Bah oui, j’ai quitté la Bretagne depuis 5 ans maintenant.
2 ans à Toulouse, 3 ans ici, à Nice (mais comment j’ai fait???).
Quand j’étais en Bretagne je voulais partir à tous prix, et depuis je veux y retourner.
Il n’y a que quand quelque chose nous manque qu’on se rend compte de sa valeur.
Mais en même temps je ne peux pas tenir en place, deux ans quelque part c’est un maximum, 3 ans ici c’est l’enfer.
J’ai toujours déménagé, bougé, voyagé.

J’ai vécu en camps de naturiste, en tipi, en camion, en communauté, dans diverses maisons, tout ça jusqu’à mes 5 ans et demi.
Puis deux ans en Inde.
A notre retour en France on a encore beaucoup bougé, et ma mère a fait construire une maison.
J’y suis restée plus de 3 ans (ah oui quand-même!), puis citéeU 1 ans (c’était cool), puis 2 ans à Toulouse et enfin Nice.

Et en août Paris.
Pour combien de temps? Le moins possible, 6 mois, un an au max.
Ensuite?
Chais pas, Bretagne, Guyane, Ardèche, Hautes Alpes (je viens de découvrir cette région, avec le parc des Ecrins, elle est extraordinaire!), ou ailleurs …
Peut-être retours par ici mais pas sur Nice, plus jamais.
Dans l’arrière-pays ou plus dans le Var.
La seule chose sûre: Paris en août.

Pfff « Paris en août », ça fait froid dans le dos.
J’adore cette ville, tellement de possibilités, de choses à voir, à faire, de possibles en matière de photographie …
Je serai plus près des éditeurs, des agences, expos, le milieu de la photo …
Parce que c’est bien de partir et ramener des photos mais après il faut les vendre. Et il est là mon problème, je ne sais pas me vendre.
Quand je serai riche, j’aurai un agent artistique, na!
Donc Paris c’est bien, le plus longtemps que j’y suis restée c’est 3 mois, ça allait encore, mais j’étais contente d’en partir.
Y vivre vraiment c’est une autre histoire.
En plus c’est une ville, encore!

Et déjà que là c’est chaud de vivre à deux dans un petit studio, là-bas son va se retrouver dans une mansarde, une chambre de bonne sous les toits.
Le tableau: trois étages à monter pour se retrouver dans une pièce avec tout: canapé, matelas pour les lits, cuisine, pas de four, chiottes et douche sur le pallier, et laverie automatique trois rues plus loin.
Pfff, je vais avoir l’impression d’être à nouveau une étudiante. Si au moins j’avais tout ce qui va avec: insouciance, la vie est cool, fêtes, argent donné par môman, séchage de cours pour cause de grasse mat’, fête encore …
Tu parles!

Bref.

Je suis jeune.
Bon ça j’arrive à le dire au autres avec le sourire, style « chuis jeune, baroudeuse, m’en fous », mais là toute seule, les yeux dans les yeux … merde quoi, j’aimerais bien avoir un peu de confort un jour.
J’y ai eu droit un an à Toulouse, il était génial cet appart, dans un vieil immeuble, parquet en bois, grande pièce principale, grande chambre … on avait même la place pour mettre l’agrandisseur et pour se faire des séances labo avec les cops.
C’était génial d’ailleurs, on était à 5 min de l’école, les cops venaient manger chez nous le midi, il y en avait toujours un pour faire la sieste dans le coin « peau de mouton-oreillers », on se fumait quelques pétards, et on arrivait en retard en cours.
La belle époque.

Maintenant je suis là, je ne connais personne ici, à part une copine bretonne qui est venue s’installer sur Nice quelques mois après moi, et les cops de R, mais bon, à Part X qui vient squatter de temps en temps …
J’ai fui la Bretagne à l’époque, j’ai tout laissé derrière moi, mes cops avec.
On était une bande de 10 à 20 personnes suivant les périodes, c’était sympa, mais j’avais vraiment besoin de fuir, aller vers MON avenir, mon destin, ce que j’avais enfin choisi.

Bref.

A trop vouloir fuir, j’ai fermé toutes les portes.
Il me reste juste une amie de cette époque, et encore elle n’était pas dans la bande, mais dans l’autre.
Ah oui, j’étais à cheval sur deux bandes, une bande fumeuse, avec des gens cools, plutôt artistes, rêveurs, voyageurs, et l’autre bande, les buveurs, plutôt grandes écoles, médecine, ingénieurs.
J’étais plus souvent avec les buveurs parce que mon cop de l’époque y étais, alors que j’étais plus fumeuse, et puis ensuite je me suis enracinée dans cette bande, un amant, puis deux, puis trois (pas en même temps hein)… ça crée des liens forcément.
Faut dire qu’on n’était que deux filles dans le noyau du groupe, plus quelques-unes qui passaient de temps en temps.
C’était cool, hi hi.

A Toulouse aussi c’était cool, mais je raconterai ça plus tard.
Je vais arrêter là sinon je vais raconter ma vie en une fois, à la survoler je ne vais pas aller en profondeur, et j’ai besoin d’aller en profondeur.