LE CAMP DES FOURCHES
Hameau militaire aujourd’hui déserté, le Camp des Fourches est situé à 2300 m d’altitude. Ce hameau militaire sommeille depuis les années 1920-1930. Sa construction a été achevée en 1896, composé de 26 baraques construites en dur il pouvait abriter un bataillon de quatre compagnies de 150 hommes chacune. Tout était prévu pour une autonomie totale : capitainerie, sanitaires, four à pain, cuisines, écuries pour les mulets, réseaux d’assainissement... et même un téléphérique, relié au hameau du Pra, assurant le ravitaillement ou l’évacuation des blessés.
Le grand panorama du vallon du Salso Moreno est à 10 minutes, le Mont des Fourches à 40 minutes et la Cime de Pelousette à 2 heures. C’est toujours de ce point que l’on a l’accès le plus facile vers l’Italie, la vallée de la Stura ou le village de Ferrière (4 heures).
Le poste d’hiver du Camp des Fourches, dans la vallée de la Tinée, conserve un étonnant témoignage sur le besoin d’évasion que devaient ressentir les soldats. En effet, un des bâtiments est décoré de peintures qui illustrent avec humour les occupations des hivernants
*. Sur les murs, on découvre des frises présentant des pas d’escalade, des alpins évoluant en cordée ou à ski. Plusieurs scènes évoquent avec ironie les mésaventures des apprentis skieurs. Le ton est à une certaine autodérision. Un chasseur enfoncé dans la neige jusqu’au cou, après avoir lourdement chuté, est accompagné de la mention « poudreuse 100 % ». A l’arrière-plan, au-dessus de lui, on devine le téléphérique militaire qui reliait le hameau du Pras au camp des Fourches et permettait ainsi le ravitaillement du poste d’hiver. Une autre pièce, faisant probablement office de foyer, est décorée de scènes montrant des danseuses légèrement vêtues. Ce type de revue était très à la mode dans l’entre-deux guerres. Un des tableaux évoque Joséphine BAKER et sa célèbre ceinture de bananes. L’imaginaire des alpins s’exprime, dans ces lieux isolés, par les thèmes choisis (les femmes, la revue, la bouteille...), mais aussi par leur quotidien (le ski et l’alpinisme).
*Miraculeusement conservées les « fresques » mériteraient d’être valorisées et protégées.
Camp des Fourches (Saint Dalmas le Selvage, Alpes-Maritimes)
Camp des Fourches, 1951